L’enfant en mouvement

 

Bouger. Courir. Sauter. Escalader. Glisser. Attraper. Marcher. Bondir… et rebondir sur le trampoline. Autant d’activités nécessaire à l’enfant. Bouger est un besoin fondamental de l’enfant. Aujourd’hui nous allons vous parler du sport, et même aller plus loin en l’étendant au jeu actif, et à tout ce qui met l’enfant en mouvement.

 

psychomotricité-jeu-actif
Tennis de plage : un défi de synchronisation (vision, anticipation, planification, placement, précision du geste)

 

En effet, d’après une étude de Burdette et Whitaker, deux chercheurs américains, le temps de jeu libre et actif initié par les enfants a chuté de 25% entre 1981 et 1997, au profit du temps structuré par l’adulte et consacré à des jeux sédentaires. Concrètement, ce que disent ces deux chercheurs, c’est que l’enfant passe beaucoup plus de temps aujourd’hui devant son écran et assis sur un siège, alors que par le passé il devait lui-même vaincre son ennui en se trouvant des jeux qu’il réalisait en extérieur.

 

D’après Maria Montessori :

 

C’est une grande erreur que de séparer complètement la vie physique de la vie mentale; aussi les jeux doivent-ils être inclus dans le curriculum de façon que l’enfant développe son corps en même temps que son esprit. Il est essentiel que pour notre nouvelle éducation le développement mental soit relié au mouvement et en dépende. Sans le mouvement, il n’y a ni progrès, ni santé mentale.

 

Il y a même une étude de Dadvand et Nieuwenhuijsen qui établit un lien entre le temps passé à l’extérieur par nos enfants et le développement cognitif. Le lien est établi, les raisons en sont moins claires, mais du temps passé dans les parcs ou en forêt, c’est souvent du temps passé à courir et à bouger.

 

Tout nous montre que le mouvement et l’activité physique est bénéfique, mais si nous avions envie de développer ce sujet aujourd’hui, c’est parce-que beaucoup de nos enfants sont trop souvent à l’intérieur : réveil à la maison, puis on va à l’école en voiture, ou à la crèche en poussette. Des lieux où l’on reste assis ou du moins toute la journée à l’intérieur. Habitant Paris, les cours d’école sont petites, bétonnées et souvent sans arbre. Puis c’est le retour vers la maison, où l’on retrouve sa BD ou son jeu sur tablette, ou les devoirs à faire ! La vie citadine n’est pas propice au développement des activités physiques dont nos enfants ont besoin.

 

Privilégier le jeu actif

Le jeu actif, c’est toute activité décidée et choisie par l’enfant, spontanément, et qui le met en mouvement. Il ne s’agit pas forcément d’une activité intense.

 

Chez le jeune enfant, son cerveau en construction ne lui permet pas encore d’inhiber ses impulsions, alors, s’il n’y a pas de danger, laissons le agir ! Laissons le tendre le bras, attraper, saisir, se hisser ou lever le pied le plus haut possible. N’oublions pas que ces activités sont la base des apprentissages : pour tenir un crayon et dessiner, il faut savoir se tenir assis, gérer son équilibre, coordonner ses gestes pour saisir habilement le feutre et dissocier les actions de chacun de ses doigts. C’est le jeu actif qui permet d’acquérir ses compétences.

 

Les activités physiques, et le sport notamment, permettent à l’enfant de relever des défis et de se tester. Elles lui permettent de se comprendre, de se jauger et de réaliser de quoi il est capable. Et même de l’encourager à aller de l’avant en le poussant à faire mieux.

 

Affronter la nature
Jouer dans les grosses vagues, ou comment tester sa confiance en soi

 

L’enfant qui passe sa journée dehors peut libérer son énergie, et quand le corps s’est dépensé, nous en connaissons tous les conséquences : un bel appétit, moins de stress et une bonne nuit. Les activités physiques permettent même de diminuer le temps de sommeil nécessaire, car le sommeil est de meilleure qualité. Nous l’avons vu dans un article précédent, le sommeil favorise également les apprentissages.

Les 5 dimensions du jeu actif

– La dimension physique et motrice : l’enfant qui bouge régulièrement est plus confiant en ses capacités physiques,

– La dimension langagière : l’enfant parle plus et échange plus avec les autres lorsque c’est lui qui initie le jeu,

– La dimension cognitive : l’enfant apprend plus lorsqu’il peut expérimenter, vivre et manipuler. Les actions motrices sont le prolongement de la pensée,

– La dimension affective : l’enfant qui relève des défis prend confiance en lui et améliore son estime de soi,

– La dimension sociale : l’enfant qui joue avec ses amis socialise, négocie et apprend à régler des conflits.

 

 

Tir à la corde
Le tir à la corde : un jeu de force, d’opposition et de synchronisation des efforts

Quelques idées pour favoriser le jeu actif

– Soutenir les jeux libres qui naissent spontanément du désir des enfants. Les enfants sont programmés pour escalader, gravir, grimper, glisser… D’ailleurs, en y réfléchissant bien, il n’y pas que les enfants ! Pourquoi va-t-on gravir des montagnes et dévaler les pentes en ski ?

 

– Limiter le temps devant les écrans : les écrans ont aussi du bon et apportent à l’enfant, mais certains jeux ont une composante addictive. Il suffit juste de rééquilibrer les activités.

 

– Aménager dans les écoles, les crèches et les jardins, des espaces de jeu incitant à se bouger. Créer des environnements stimulants.

 

– Prévoir de longues périodes de jeu et sachons éviter les interruptions.

 

– Jouer dehors tous les jours, le plus souvent possible

 

– Encourager les enfants à jouer dehors. Allons au parc faire du vélo, allons courir après un ballon, allons grimper sur les rochers avec eux. Montrons leur l’exemple ! Encourageons les à dépenser leur énergie – et la nôtre – en lançant, sautant, glissant…

 

Et pour finir, notre meilleure astuce : sortons dans la nature. Se promener dans une forêt donne naturellement envie de se bouger, et favorise l’empathie avec le monde.

 

 

 

 

 

Source :

H.L. Burdette, R.C. Whitaker : Resurrecting Free Play in Young Children (2005)

Maria Montessori : Education pour un monde nouveau

P. Dadvand, M.J. Nieuwenhuijsen : Green spaces and cognitive development in primary schoolchildren (2015)

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One Reply to “L’enfant en mouvement”

  1. Super article Muriel! Puis-je l’avoir en format pdf pour pouvoir le distribuer lors de mes formations? Je le trouve très synthétique et c’est. ce qui est facilitant pour les stagiaires. Merci!! Nadine de la Réunion

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