Le trouble du jeu vidéo

 

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) entérine la reconnaissance d’un trouble du jeu vidéo. Tel est le titre d’un article venant de paraître dans Le Monde. Ce qui ressort de l’article, c’est que le sujet est très controversé, a fait et continue de faire débat.

 

manette de jeu

 

Revenons donc à ce que dit l’OMS :

 

Le trouble du jeu vidéo est défini dans le projet de 11e révision de la Classification internationale des maladies (CIM-11) comme un comportement lié à la pratique des jeux vidéo ou des jeux numériques, qui se caractérise par une perte de contrôle sur le jeu, une priorité accrue accordée au jeu, au point que celui-ci prenne le pas sur d’autres centres d’intérêt et activités quotidiennes, et par la poursuite ou la pratique croissante du jeu en dépit de répercussions dommageables.

Pour que ce trouble soit diagnostiqué en tant que tel, le comportement doit être d’une sévérité suffisante pour entraîner une altération non négligeable des activités personnelles, familiales, sociales, éducatives, professionnelles ou d’autres domaines importants du fonctionnement, et en principe, se manifester clairement sur une période d’au moins 12 mois.

 

Ce qu’il faut comprendre, c’est que ce que définit l’OMS comme un trouble, ce sont les excès de pratique et l’addiction que les jeux vidéo peuvent entraîner.

 

Mais est-ce que les jeux vidéo, en eux-mêmes, sont nocifs ? Qu’en disent les études ? Une petite recherche montre qu’effectivement les avis divergent sur le sujet :

 

jeu vidéo et cerveau

 

Alors, qui a raison ? En réalité, et c’est ce que souligne l’Académie des Sciences dans son avis sur les enfants et les écrans, c’est qu’il faut commencer par bien distinguer deux cas :

Cas négatif : les écrans non interactifs – l’enfant est passif.

Chez le jeune enfant, la consommation excessive d’écrans non interactifs (télévision et DVD) a des conséquences problématiques bien au-delà des premières années : prise de poids, déficit de concentration et d’attention, risque d’adopter une attitude passive face au monde, etc.

 

Serge Tisseron, psychiatre et docteur en psychologie spécialisé dans la problématique des écrans et d’un monde connecté, évoque l’insécurité et le repli sur soi que provoque les sons et le défilement des images chez un enfant dont le jeune cerveau n’est pas prêt à accueillir autant de stimuli mystérieux.

 

Des études américaines soulignent également des ralentissements dans le développement du langage, le désintérêt à l’école et les troubles du sommeil, particulièrement présents chez les adolescents.

 

Cas positif : les écrans interactifs – l’enfant est actif.

Les études sont unanimes : jouer à des jeux vidéos est positif car le joueur est actif. Pour jouer et avancer dans le jeu, il met en oeuvre de multiples compétences :

– Les joueurs réguliers voient augmenter leur capacité de représentation de l’espace. Ils améliorent leurs compétences spatiales en se déplaçant dans une ville, explorant un site archéologique ou acquièrent des capacités cartographiques en survolant un monde.

– Les joueurs réguliers ont de meilleures capacités d’attention, de mémoire et de concentration. Ils font travailler leur logique et raisonnent pour résoudre des énigmes et avancer dans le jeu, ou pour franchir des obstacles.

– Les joueurs réguliers sont capables de récupérer plus facilement et rapidement des indices sonores ou visuels, et de les exploiter dans le jeu.

– Jouer à un jeu vidéo permet de travailler la coordination œil – main et d’améliorer son temps de réponses, ses réflexes, à des stimuli extérieurs

Des précautions à prendre

Trop souvent, on oublie la base : à quoi mon enfant joue-t-il ? Il est tellement facile de charger un jeu sur les tablettes que l’on a tendance à ne pas toujours vérifier. Des publicités intégrées incitent au téléchargement de jeux nouveaux, et des copains bien intentionnés conseillent des jeux que l’on aurait préféré ignorer.

 

Il est nécessaire de se poser les questions suivantes :

– à quoi joue-t-il ?

– est-ce que ce jeu est labellisé avec une interdiction –10 ans, –12 ans, –16 ans ? Ou est-il tout public ?

– combien de temps dure une partie ?

– est-ce un jeu en réseau, qui permet de faire du chat… avec des inconnus ?

– est-ce qu’il y a des niveaux, et si les premiers niveaux sont adaptés à son âge, les niveaux suivants le seront-ils aussi ?

 

Même dans le cas où l’enfant joue activement à son jeu, n’oublions pas qu’il a besoin de contacts avec la vie réelle. Il a besoin de sauter, courir, grimper et de bouger dans la nature avec ses copains. Il a besoin de parler, rire, échanger avec ses amis (et avec nous les parents !)

 

Il est essentiel de surveiller son temps de jeu et veiller à ce qu’il ne s’engage pas dans la pente pathologique décrite par l’OMS.

 

Et pour finir, quel est le meilleur moyen de répondre à toutes ces questions ? C’est de jouer avec lui ! On créé un lien, un sujet de discussion, on comprend ce qu’il fait, on comprend ce qui l’intéresse et le motive…

 

Bref, on partage avec son enfant. C’est bien le meilleur moyen, dans tous les domaines, de le guider sur son propre chemin.

 

 

 

Sources :

– Le rapport « L’enfant et les écrans », l’avis de l’Académie des Sciences.

– Serge Tisseron : Les effets de la télévision sur les jeunes enfants, 2010.

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