3 livres qui ont changé ma vie

 

Laissez-moi vous raconter maintenant l’histoire du chemin qui m’a conduit vers ces 3 livres qui ont changé ma vie… et qui pourraient changer la vôtre.

Un de ces livres a même été une révélation extraordinaire qui a complètement changé ma vision du monde et de moi-même !

 

Cet article participe à l’évènement “Les 3 livres qui ont changé votre vie” du blog Des Livres pour changer de vie.

On trouve sur ce blog des revues de très bons ouvrages axés sur l’entrepreneuriat et le développement personnel, mais aussi sur la parentalité positive et l’éducation, comme par exemple un article sur l’extraordinaire expérience de Céline Alvarez, peut-être la première preuve concrète, publique et médiatique, de l’apport des sciences à l’éducation. Un grand coup de pied dans la fourmilière de l’Education Nationale. Je reparlerai de cette aventure hors du commun dans un prochain article.

 

Mais voici l’histoire de ces trois livres. Voici mon histoire.

 

Un dimanche matin de mai 2008, je suis devenu père le jour de la fête des mères.

 

Je crois qu’on ne peut pas s’approcher plus près de l’expérience du miracle que d’assister à la naissance de son enfant. On touche au grand Mystère de la Vie, et même en connaissant le truc, voir naître son fils tient du tour de magie. (Vous savez, le fameux tour où le magicien sort un mignon petit lapin d’un chapeau vide !? OK, j’exagère, mais il y a un peu de ça)

Venus à deux, je me souviens à quel point c’était étonnant de repartir à trois de la maternité. Rien n’avait changé, j’étais toujours le même, avec une étiquette de plus: voyageur, rédacteur, ingénieur…et papa !

 

Mais tout allait changer bien vite. Les colères, les émotions, les crises et les frustrations de mon garçon qui grandissait me bousculaient, me bouleversaient, et mes réponses pour l’aider étaient très souvent inadéquats (Vous connaissez ce sentiment de donner des coups d’épées dans l’eau, quand tous vos efforts “hyper logiques” pour “améliorer la situation” restent absolument sans effet ? )

Si bien qu’un beau jour, ma femme, qui a souvent un cran d’avance sur moi, m’a dit: “Tiens, lis ça !”

 

Ça, c’était le livre 1 : “Au cœur des émotions de l’enfant”, d’Isabelle Filliozat,

avec une jolie dédicace “Ecouter nos enfants, c’est aussi entendre l’enfant en Soi”.

au coeur des émotions

 

L’enfant en moi, quel rapport ? Qu’est-ce que cela voulait dire ? Et qui est cette Filliozat ? Une petite recherche rapide a boosté le crédit de l’auteure. Isabelle Filliozat, psychothérapeute, spécialisée dans l’accompagnement des émotions et l’intelligence émotionnelle, est la référence en France dès qu’il s’agit d’aider les parents à accompagner leurs enfants. Voilà qui était rassurant !

 

Au cœur des émotions de l’enfant explique que :

1- Les enfants nous disent ce dont ils ont besoin, à leur façon à eux, et parce qu’ils n’ont pas la maturité ni les mots pour conceptualiser leurs besoins, ils les expriment avec les émotions.

 

Le petit enfant est prisonnier de sa réponse émotionnelle, sans médiation de la pensée pour relativiser les choses, ou hiérarchiser les enjeux.(…) Il organise et interprète ses perceptions à sa manière, à la lumière des informations souvent incomplètes, parfois déformées dont il dispose. Ce qui peut donner lieu à des émotions incompréhensibles pour les parents.

 

2- Les parents ont les moyens de décoder ce que leurs enfants essayent de leur dire en s’interrogeant sur les émotions de leurs enfants.

 

Derrière ce que les parents nomment “caprice”, derrière un comportement bizarre, déplacé, excessif, ou simplement non ordinaire, cherchons l’émotion, cherchons le besoin. L’enfant nous dit quelque chose.

 

Génial ! Super truc, en plus coup de chance, les émotions ne sont qu’au nombre de huit : peur, tristesse, surprise, colère, amour, joie, honte et dégoût. Vous saviez, vous, que le dégoût est une émotion ? En tout cas voilà qui avait l’air simple, je n’avais qu’à identifier les émotions, et hop, le problème serait réglé. Sauf que ce n’était pas si simple. “Vous tentez le bluff”, comme avait dit mon prof de math un jour ! Et le bluff, avec mon fils, ça ne marchait pas. Il faut dire que j’avais oublié le dernier point de Filliozat:

 

3- Mais les parents ne peuvent le faire qu’à condition de sortir d’un mode automatique de gestion des situations hérité de leur propre enfance, en comprenant leurs propres besoins d’adulte et leurs réactions.

 

Là où mes émotions d’enfance restent refoulées, je ne peux percevoir la réalité des besoins de mon enfant.

 

Votre enfant entend votre inconscient ! Pour lui vos réactions sont plus signifiantes que vos mots (…) Devenir conscient de ce qui anime nos réactions face à nos enfants peut changer radicalement nos comportements.

 

 

Avant bébé, il y avait Elle puis Moi. Après la naissance de mon fils, il y avait Lui, Elle… et très peu de Moi.

 

Au cœur des émotions de l’enfant a été une prise de conscience que mes besoins à moi comptaient aussi. Ecouter nos enfants, c’est aussi écouter l’enfant en Soi, dédicaçait Isabelle Filliozat. Sauf que je n’ai jamais eu le sentiment d’être un enfant. A 10 ans, je me sentais déjà tellement adulte… pourquoi ?

 

Ce premier livre a éclairci des logiques enfantines mais a aussi soulevé des mystères.

Ce premier livre a été une clé dans la serrure de la porte qui mène au développement personnel.

 

Notre fils grandissait. C’était un drôle de petit bonhomme qui a 6 ans me faisait deviner son animal mystère, la harpie féroce (!), ou voulait savoir si mon animal mystère était ovipare. Pas du genre à me faire deviner la vache, la chèvre ou le cochon ou à me demander si mon animal mystère avait deux pattes. En plus de ça, une sensibilité énorme qu’une remarque anodine suffisait à chambouler, une impossibilité à gérer l’échec qui soulevait des colères titanesques, puis l’abandon du projet, des questions existentielles sur la vie, la mort et Dieu, et l’envie de mourir, “parce-que je suis un humain et que les humains polluent la planète et tuent les animaux”

 

Comment réagir quand votre fils de 6 ans vous dit qu’il veut mourir ?

 

De tribulations en aventures sur le net, croisant les indices, j’ai abordé les rives du haut potentiel et des enfants intellectuellement précoces, et découvert mon livre 2 : “L’enfant surdoué” de Jeanne Siaud-Facchin

 

enfant surdoué

 

Difficile de résumer ici toutes les caractéristiques de tels enfants. C’est un sujet fort et polémique qui attise les fantasmes et les clichés. Cela doit faire l’objet d’un article à part entière. Mais il est utile, pour faire tomber les idées reçues, de citer Mme Siaud-Facchin:

 

Un enfant surdoué se distingue par la forme particulière de son intelligence. C’est l’aspect qualitatif qui a de la valeur et non pas la mesure quantitative. Etre surdoué ne signifie pas être plus intelligent que les autres mais fonctionner avec un mode de pensée, dite en arborescence, et une structure de raisonnement différente.

 

L’enfant surdoué est un être d’une sensibilité extrême, muni de multiples capteurs branchés en permanence sur ce qui l’entoure. L’enfant surdoué perçoit et analyse avec une acuité exceptionnelle toutes les informations en provenance de l’environnement et dispose de la capacité étonnante de ressentir avec une grande finesse l’état émotionnel des autres. Véritable éponge, l’enfant surdoué est depuis toujours littéralement assailli par des émotions, des sensations, des informations multiples qu’il lui est le plus souvent difficile de vivre, d’intégrer et d’élaborer. L’enfant tente de s’en protéger par une mise à distance de toute la sphère émotionnelle et se “coupe” de ses propres émotions.

 

Mon fils n’est probablement pas précoce. Mais la lecture de L’enfant surdoué m’a bouleversé : l’auteure parlait de moi à chaque page. Je remplissais presque toutes les cases. C’est la force de la psychologie de parvenir à mettre les individus dans des schémas. J’étais ahuri de voir à quel point la méthode était bien rodée. Ce que racontait la psy, ce sentiment de décalage, c’était moi ! Ces mécanisme de défense face aux émotions, moi aussi !  Ce qui expliquait mes difficultés à identifier les émotions de mes enfants. Décidément, Isabelle Filliozat était très très forte !

Incroyable révélation, mes choix de vie, mon parcours professionnel, tout prenait sens. Ce sentiment de n’avoir jamais été enfant, c’était donc ça ! J’avais été un enfant précoce…

 

Cet ouvrage a été la plus grande révélation de ma vie, un choc, un séisme dont ne je ne sais pas encore bien quoi en faire.

Ce qui est certain, c’est qu’avec ce deuxième livre, j’ai ouvert la porte vers mon passé et compris qui j’étais.

 

Comprendre est une étape nécessaire, mais comment utiliser le savoir acquis ? J’avais une vision de moi-même toute neuve et après ? Comment faire mieux ? Ou plutôt, comment faire différemment ? J’en savais bien plus sur le pourquoi mais pas tellement sur la façon de répondre à tous ces “comment”.

 

L’aventure parentale continue, à petits pas, dans un ballet hésitant (deux pas en avant, un pas en arrière). Quelques mois plus tard, dans ma bibliothèque de quartier, rayon biologie moléculaire (je cherche un ouvrage sur les plantes et les modes de communication dans le règne végétal), je découvre cette phrase au dos d’un gros ouvrage :

 

Nous aimerions vous parler du métier de parent, vous expliquer non pas ce que vous devez faire, mais comment vous pouvez être.

 

Incroyable ! En apparence exactement ce dont j’ai besoin. C’est peut-être bien la réponse à mes “comment”, et en plus centrée sur le parent, et non l’enfant. Une phrase signée Myla et Jon Kabat-Zinn. Myla Kabat-Zinn est une infirmière, spécialisée dans l’accompagnement à la naissance et son mari Jon est docteur en biologie moléculaire. Mais Jon Kabat-Zinn ne s’occupe pas des plantes : il est professeur de médecine émérite à l’université du Massachusetts et il a, souligne son éditeur, “fait de la méditation de pleine conscience un outil au service de la santé et du bien-être”.

 

Livre 3 : “A chaque jour ses prodiges. Etre parent en pleine conscience” de Myla et Jon Kabat-Zinn

 

à chaque jour ses prodiges

 

Etre père n’est pas simple. Je ressens profondément l’échec et peu la réussite. Cela peut s’apparenter à un combat sans fin pour faire mieux, réussir parfois puis se tromper de nouveau. Il n’y a pas de règle et ce qui fonctionne une fois ne fonctionne pas toujours. Il y a alors quelque chose de profondément apaisant à lire les Kabat-Zinn :

 

Selon moi, quel que soit l’âge des enfants, tout parent est embarqué dans un voyage ardu, une sorte d’odyssée, que nous le sachions ou non, que cela nous plaise ou non.

 

De tous les métiers du monde, celui de parent est l’un des plus difficiles, des plus exigeants et des plus stressants.(…) Pourtant, lorsque nous devenons parents, c’est à peu près sans aucune préparation ni formation, pratiquement sans conseil ni soutien, dans un monde où produire compte bien plus qu’éduquer, où faire compte bien plus qu’être.

 

D’ailleurs, le texte est parfois franchement réjouissant, registre humour noir. Ainsi le chapitre “Etre parent, la catastrophe totale” qui débute ainsi :

 

Quand nous devenons parents, délibérément ou par hasard, toute notre vie est bouleversée, même s’il nous faut du temps pour comprendre à quel point. Le stress prend une ampleur insoupçonnée et nous rend vulnérable de mille manières nouvelles. Nous devons nous montrer responsables comme on ne nous l’avait jamais demandé. C’est un défi sans précédent, qui accapare notre temps et détourne notre attention d’autres choses, notamment de nous-mêmes. C’est le désordre, l’anarchie, on se sent inadéquat, c’est une source de disputes, d’agacements, de bruit, d’obligations apparemment sans fin, d’innombrables occasions de se sentir pris au piège, furieux, blessé, accablé, vieux et sans importance. Cela dure tant que les enfants sont petits, mais peut aussi se prolonger quand ils sont adultes et lancés dans la vie. Avoir des enfants, c’est chercher les ennuis.

 

OUF ! Je suis NORMAL ! Finalement tout le monde galère à être parent. Et il ne s’agit pas d’être parfait :

 

… il ne s’agit pas de l’accomplir à la perfection (être parent), ni de toujours réussir. Il s’agit plutôt d’une quête. L’idée de perfection n’a rien à faire ici, quel que soit le sens que cette notion aurait par rapport au métier de parent.

 

En plus de l’apaisement que procure les figures tutélaires de Myla et Jon (j’ai envie de les appeler par leurs prénoms, ils ressemblent à des grands-parents sages), ils ré-énergisent et rappellent ce pourquoi on vit cette “catastrophe totale” :

 

Le métier de parent est aussi l’un des plus importants, car la façon dont nous l’exerçons a des conséquences considérables sur le cœur, l’âme et la conscience de la génération qui nous suit; nous modelons ainsi, chez nos enfants, leur expérience du sens et des relations, leur palette de compétences essentielles, leurs sentiments les plus profonds sur eux-mêmes et sur leur place possible dans un monde en pleine transformation. (…) C’est là selon moi notre travail de parent. Nous devons aider nos enfants à grandir, les protéger, les guider, jusqu’à ce qu’ils soient prêts à s’élancer sur leur propre chemin. Nous devons aussi être nous-même entiers, chacun étant sa propre personne, avec une vie à soi, de sorte qu’en nous regardant ils puissent nous voir entiers contre le ciel.

 

Les auteurs définissent la pleine conscience comme “être à l’écoute, moment après moment, sans jamais juger”. Pas facile. Chez moi, le jugement surgi parfois sans prévenir, et après c’est la cata ! Il n’est pas évident de revenir sur 40 ans d’automatismes. La pleine conscience pour un parent, c’est être présent à l’instant qui se vit avec ses enfants. Plus, c’est avoir un sentiment conscient de cette présence accrue dans nos relations avec les enfants, mais aussi par contrecoup avec notre conjoint et avec nous-mêmes. Cela se travaille, cela se cultive. Mettre une attention et une intentionnalité nouvelle dans les relations, c’est vraiment une démarche consciente…C’est se regarder dans un miroir et se voir agir, et s’auto corriger dans l’instant…ou plus tard. Un beau défi ! Heureusement que Myla et Jon donnent des trucs pour s’en sortir,  des intentions et des exercices pour devenir parent en pleine conscience :

 

Intention N° 5 : Je ferai tous les efforts pour voir les choses du point de vue de chaque enfant et pour comprendre quels sont les besoins de mes enfants, pour les satisfaire de mon mieux, sans oublier leur besoin d’apprendre les choses par eux-mêmes.

 

Exercice N° 2 : Imaginez à quoi vous ressemblez du point de vue de votre enfant. Comment pourriez-vous ressentir le fait de vous avoir comme parent à cet instant même ? Comment cela modifierait-il votre façon de vous mouvoir dans votre corps et dans l’espace; votre façon de parler, les choses que vous dîtes ? Quelle relation voulez-vous avoir avec votre enfant en cet instant présent ?

 

“A chaque jour ses prodiges. Etre parent en pleine conscience” m’a donné un moyen et un but.

Après le “Que faire” d’Isabelle Filliozat, et le “Pourquoi” de Jeanne Siaud-Facchin, Myla et Jon Kabat-Zinn ont répondu à la question “Comment faire”.

 

Et si vous êtes curieux de la réponse qu’apporte Myla et Jon à cette catastrophe totale qui est de devenir parent, la voici :

Les enfants nous permettent de profiter des palpitations de la vie comme jamais nous le pourrions s’ils ne faisaient pas partie de notre existence.

Devenir père, c’est donc entrer dans un monde palpitant et vivant. C’est déstabiliser, intensifier et enrichir sa vie.

 

 

Les trois livres qui ont changé ma vie :

Au cœur des émotions de l’enfant”, d’Isabelle Filliozat, édition Marabout, 1999

L’enfant surdoué” de Jeanne Siaud-Facchin, édition Odile Jacob, 2012

A chaque jour ses prodiges. Etre parent en pleine conscience, de Myla et Jon Kabat-Zinn, avec une préface de Christophe André, édition Les arènes, 2012

 

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